lundi 12 septembre 2011

"Le sexe et l'effroi" de Pascal Quignard (éd.Gallimard, coll. Folio), 1

Résumé de 4ème de couverture : 
"Quand Auguste réorganisa le monde romain sous la forme de l'empire, l'érotisme joyeux, anthropomorphe et précis des Grecs se transforma en mélancolie effrayée.
Des visages de femmes remplis de peur, le regard latéral, fixent un angle mort.
Le mot phallus n'existe pas. Les Romains appelaient fascinus ce que les Grecs appelaient phallos. Dans le monde humain, comme dans le règne animal, fasciner contraint celui qui voit à ne plus détacher son regard. Il est immobilisé sur place, sans volonté, dans l'effroi.
Pourquoi, durant tant d'années, ai-je écrit ce livre ? Pour affronter ce mystère : c'est le plaisir qui est puritain.
La jouissance arrache la vision de ce que le désir n'avait fait que commencer de dévoiler."
(Pascal Quignard)
Ayant débuté la lecture dudit ouvrage, je ne peux que revenir sur le terme romain utilisé pour désigner le phallos grec : le fascinus. 
"Du sexe masculin dressé, c'est-à-dire du fascinus, dérive le mot de fascination, c'est-à-dire la pétrification qui s'empare des animaux et des hommes devant une angoisse insoutenable. Les fascia désignent le bandeau qui entourait les seins des femmes. Les fascies sont les faisceaux de soldats qui précédaient les Triomphes des imperator. De là découle également le mot fascisme, qui traduit cette esthétique de l'effroi et de la fascination."

Le christianisme s'étant emparé de nombreux pans de la culture romaine, notamment celui du puritanisme que bien des metteurs en scène occultent dans leurs films ou séries retraçant cette période de l'Histoire, il est tout autant fascinant de constater l'origine de notre regard sur le sexe masculin. Effroi, dégoût, fascination, la pornographie s'est merveilleusement emparée de la chose en érigeant le sexe masculin comme une entité quasi-indépendante de son possesseur, sorte d'alien jouisseur-destructeur aux proportions et endurance impressionnantes voire esthétisantes si l'on reste dans un circuit plutôt soft, loin de tout bondage et autre pratique sexuel visant une exploration différente du corps et des désirs. Le fascinus... Sommes-nous alors dans la peur-désir, et donc l'expression d'une certaine violence puisque nous allons au-devant soit de la frayeur, soit de la crainte, du moins, le regard s'aimante vers l'objet d'un désir qui semble tout concentrer ? Si nous sommes aujourd'hui familiers du terme phallus, derrière celui-ci s'exprimerait pleinement le fascinus. Ainsi, le développement de la pornographie pourrait caractériser cette tendance, alors que le phallus dans son expression grecque serait le symbole de l'érotisme joyeux, que notre société semble oublier pour une surenchère de corps justement érigés comme des symboles phalliques du désir sans personnalité ni prise en compte de l'être partenaire, qu'il soit question d'amour ou non, là n'est bien sûr pas la question. Ce terme de fascinus prouve-t-il notre dépendance pour une certaine violence, consciente ou non, dans la sexualité, et serait-elle originelle, ou bien sommes-nous simplement influencés et pouvons-nous, en en prenant conscience, évoluer vers une autre sexualité, celle du respect ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire